Il ressort de l’étude des états financiers de 114 entreprises publiques que 88 parmi elles ont réalisé des résultats nets consolidés, représentant un déficit global de 2,9 milliards de dinars en 2020 et 1,8 milliard de dinars durant l’exercice 2021.
Comment expliquer que ces entreprises qui, jadis, constituaient les fleurons de l’économie nationale, soient devenues un boulet pour l’Etat ? Il y a eu d’abord une privatisation sauvage sur instructions du FMI du temps où la Tunisie était un «bon élève» qui obéissait au doigt et à l’œil de ce bras financier de Bretton Woods. En même temps que notre économie se vidait de ses compétences qui ont été mises à la retraite anticipée, chose qui allait plonger les caisses sociales dans une spirale de déficit récurrent, on a entamé une politique économique libérale qui a ouvert nos frontières aux entreprises et aux produits européens qui feront de notre pays un site de sous-traitance à bas coût.
Mais aussi, au lieu de pallier les faiblesses de notre système économique dans un environnement international concurrentiel, on a mis des verrous sur la gestion de ce qui reste de ces entreprises publiques. Ainsi, des lois scélérates et des structures de contrôles ont-elles été mises en place, non pas pour lutter contre la corruption et les détournements, mais pour enrayer toute dynamique d’innovation et tuer dans l’œuf l’esprit d’initiative. Résultats des courses; des P.-d.g. qui restent arc-boutés sur leurs certitudes, des entreprises qui refusent l’innovation et le changement et une passivité qui mène au déclin et à la ruine. Voilà pourquoi il y a un tel blocage, une telle frilosité au moment où les chefs d’entreprise sont appelés à prendre des risques, à se remettre en question et à s’adapter. C’est pour dire que ce qui manque dans la grille de lecture du département des Finances, ce sont les raisons qui ont réduit ces entreprises à un simple fardeau pour l’Etat, alors qu’elles étaient pourvoyeuses d’emplois, créatrices de plus-value et de richesses.